L’OMS à l’épreuve de la gestion du COVID-19
Décembre 2019, alors que le monde s’apprête à entrer dans la nouvelle année, une maladie à coronavirus (COVID-19) est signalée à Wuhan en Chine. Dès lors, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), notamment à travers les actions entreprises par son Directeur Général, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a suivi de près l’évolution de la situation en Chine et dans le monde pendant les semaines qui ont suivi cette découverte. La planète entière fait face à ce qui est devenue une pandémie le 11 mars 2020. Il est plus que jamais temps de mutualiser les efforts afin de venir à bout de cette maladie. Elle a déjà causé des dizaines de milliers de morts sur toute l’étendue du globe.
Pour mieux cerner le rôle de l’OMS, il est important de faire un bref rappel historique. Ce retour aux sources permettra de mieux comprendre ses missions et d’avoir une vue plus large de la situation actuelle.
Historique de l’OMS
Les diplomates réunis pour créer l’Organisation des Nations Unies en 1945 ont notamment abordé la création d’une organisation mondiale de la Santé.
La Constitution de l’OMS a été adoptée par la Conférence internationale de la Santé. Elle s’est tenue à New York du 19 juin au 22 juillet 1946. Signée par les représentants de 61 États le 22 juillet 1946, elle entre en vigueur le 7 avril 1948. C’est à cette date qu’est célébrée chaque année la Journée mondiale de la Santé.
Missions de l’OMS dans les situations d’urgence
L’OMS a pour rôle de diriger et de coordonner la santé mondiale au sein du système des Nations Unies.
Dans les situations d’urgence, le rôle opérationnel de l’OMS consiste notamment à:
- diriger et à coordonner la réponse sanitaire à l’appui des pays;
- procéder à l’évaluation des risques;
- identifier les priorités et instaurer des stratégies;
- fournir des conseils techniques essentiels, des fournitures et des ressources financières;
- suivre également la situation sanitaire.
L’OMS aide aussi les pays à renforcer leurs capacités essentielles nationales en matière de gestion des risques d’urgence pour prévenir les situations d’urgence découlant des dangers qui menacent la sécurité sanitaire, s’y préparer, y faire face et se redresser.
Au vu de ce qui précède, pouvons-nous dire que l’Organisation Mondiale de la Santé n’a pas fait ce qu’il fallait dans la situation d’urgence qu’a représenté très vite la nouvelle maladie à coronavirus (COVID-19) ?
Pour répondre à cette question, parcourons ensemble l’évolution du COVID-19 et les mesures prises progressivement par l’OMS.
Gestion chronologique de la pandémie du COVID-19 et mesures prises par l’OMS à travers notamment les actions de son Directeur Général
31 décembre 2019
La Commission sanitaire municipale de Wuhan, dans la province de Hubei en Chine signale un groupe de cas de pneumonie. Un nouveau coronavirus est ensuite identifié.
1er janvier 2020
L’OMS met sur pied une équipe d’appui à la gestion des incidents (IMST) aux trois niveaux de l’Organisation : Siège, bureaux régionaux et bureaux de pays, plaçant l’Organisation en état d’urgence pour affronter la flambée.
4 janvier 2020
L’OMS signale sur les médias sociaux l’existence d’un groupe de cas de pneumonie – sans décès – à Wuhan, dans la province du Hubei.
5 janvier 2020
L’OMS publie son premier bulletin sur les flambées épidémiques consacré au nouveau virus. Il s’agit d’une publication technique phare pour les milieux scientifiques et de la santé publique ainsi que pour les médias du monde entier. Elle comporte une évaluation des risques et des conseils, et se fait l’écho de ce que la Chine a indiqué à l’Organisation concernant l’état de santé des patients et la riposte mise en place en matière de santé publique face au groupe de cas de pneumonie à Wuhan.
10 janvier 2020
L’OMS publie un ensemble complet d’orientations techniques en ligne ainsi que des conseils à l’intention de tous les pays sur la manière de détecter, de dépister et de prendre en charge les cas potentiels, sur la base de ce que l’on sait du virus à ce moment-là. Ces orientations sont transmises aux directeurs chargés des situations d’urgence dans les bureaux régionaux, qui les transmettront aux représentants de l’OMS dans les pays.
Les données factuelles alors disponibles laissent penser qu’« il n’y a pas de transmission interhumaine ou que celle-ci est limitée». Sur la base de l’expérience acquise lors des flambées de SARS-CoV et de MERS-CoV, et des modes de transmission connus des virus respiratoires, des orientations de prévention et de lutte anti-infectieuse sont publiées pour protéger les agents de santé, recommandant d’appliquer les précautions contre les gouttelettes et relatives aux contacts lors des soins aux patients, et les précautions aériennes lors de l’exécution par les agents de santé d’actes générant des aérosols.
11 janvier 2020
La Chine communique publiquement la séquence génétique du virus du COVID-19.
13 janvier 2020
Les autorités confirment un cas de COVID-19 en Thaïlande, premier cas signalé hors de Chine.
14 janvier 2020
Lors d’un point presse, la responsable technique de l’OMS chargée de la riposte indique qu’il pourrait y avoir une transmission interhumaine limitée du coronavirus (dans les 41 cas confirmés). Principalement entre membres d’une même famille, et qu’il existe un risque d’épidémie de grande ampleur. La responsable note que la transmission interhumaine ne serait pas surprenante compte tenu de l’expérience que nous avons des virus responsables du SRAS et du MERS, ainsi que d’autres agents pathogènes des voies respiratoires.
20-21 janvier 2020
Les experts OMS du bureau de l’Organisation en Chine et du bureau de la Région du Pacifique occidental effectuent une brève visite de terrain à Wuhan.
22 janvier 2020
La mission de l’OMS en Chine publie une déclaration indiquant que des données probantes attestent d’une transmission interhumaine à Wuhan. Mais que de plus amples investigations sont nécessaires pour comprendre toute l’ampleur de la transmission.
22- 23 janvier 2020
Le Directeur Général de l’OMS convoque un comité d’urgence au titre du Règlement sanitaire international (RSI 2005) pour déterminer si la flambée constitue une urgence de santé publique de portée internationale. Les membres indépendants venus du monde entier qui composent le comité d’urgence ne parviennent pas à un consensus sur la base des données disponibles à ce moment-là. Ils demandent la convocation d’une nouvelle réunion du comité dans un délai de 10 jours. Sachant que davantage d’informations seront alors disponibles.
28 janvier 2020
Une délégation de haut niveau de l’OMS conduite par le Directeur Général se rend à Beijing pour rencontrer les dirigeants chinois. Il s’agit d’en apprendre davantage sur la riposte menée par la Chine, et offrir l’assistance technique nécessaire.
Pendant son séjour à Beijing, le Dr Tedros convient avec les autorités gouvernementales chinoises de la visite en Chine d’une équipe internationale de scientifiques éminents. Leur mission étant de mieux comprendre le contexte et la riposte globale, et d’échanger les informations et données d’expérience.
30 janvier 2020
Le Directeur général de l’OMS convoque à nouveau le comité d’urgence. Soit avant la fin du délai de dix jours et deux jours seulement après les premiers signalements de transmission interhumaine limitée hors de Chine. Cette fois, le comité d’urgence parvient à un consensus. Il considère, dans l’avis qu’il transmet au Directeur Général, que la flambée constitue une urgence de santé publique internationale (USPPI). Le Directeur général accepte cet avis et déclare que la flambée de nouveau coronavirus (2019-nCoV) constitue une USPPI. Depuis l’entrée en vigueur du Règlement sanitaire international (RSI) en 2005, c’est la sixième fois que l’OMS déclare une USPPI.
Dans son rapport de situation du 30 janvier, l’OMS signale un total de 7818 cas confirmés dans le monde, pour la plupart en Chine, 82 cas étant signalés dans 18 autres pays. L’évaluation du risque par l’OMS le situe à très élevé pour la Chine et à élevé au niveau mondial.
3 février 2020
L’OMS diffuse le Plan stratégique de préparation et de riposte de la communauté internationale. Ceci afin d’aider à protéger les États où les systèmes de santé sont fragiles.
11-12 février 2020
L’OMS organise un Forum sur la recherche et l’innovation concernant le COVID-2019. Plus de 400 experts et bailleurs de fonds du monde entier y participent. Y prennent également part George Gao, Directeur Général des CDC de Chine, et Zunyou Wu, épidémiologiste en chef des CDC de Chine.
16-24 février 2020
La mission conjointe OMS-Chine, qui se composent d’experts venant d’Allemagne, du Canada, des États-Unis d’Amérique (CDC, NIH), du Japon, du Nigéria, de République de Corée, de Russie et de Singapour, séjourne à Beijing et se rend également à Wuhan et dans deux autres villes. Ses membres s’entretiennent avec les autorités sanitaires, les scientifiques et le personnel soignant des établissements de santé (en respectant les règles de distanciation physique). Le rapport de la mission conjointe peut être consulté ici.
11 mars 2020
L’OMS estime que le COVID-19 peut être qualifiée de pandémie. Profondément préoccupée à la fois par les niveaux alarmants de propagation et de sévérité de la maladie.
13 mars 2020
Lancement du Fonds de solidarité pour lutter contre le COVID-19. Avec pour objectif de recueillir les dons de personnes privées, d’entreprises et d’institutions.
18 mars 2020
L’OMS et ses partenaires lancent l’essai « SOLIDARITY ». Un essai clinique international visant à générer des données solides provenant du monde entier. Dans le but de trouver les traitements les plus efficaces contre le COVID-19.
Au demeurant, l’analyse de cette évolution chronologique des actions menées par l’OMS démontre à suffisance que cette institution a suivi pas à pas l’évolution de la maladie. Elle a pris les mesures adéquates pour une action de riposte internationale. Ceci avec le concours des autorités et des scientifiques de Chine, pays où le virus a été découvert. La Chine qui soit dit en passant a fait preuve d’ouverture, de transparence et de clarté sur la gestion de ce qui n’était alors qu’une épidémie.
Solidarité internationale pour vaincre la pandémie de COVID-19 dans le monde
La quasi-totalité des pays de la planète est touchée par cette pandémie. Les effets sur l’économie, la vie sociale et les différentes activités se font ressentir à différents niveaux. De nouvelles habitudes sont nées comme la distanciation sociale, la proscription de la poignée de mains, le lavage systématique des mains.
Le principal chemin pour vaincre cette maladie est la solidarité internationale. Les pertes en vie humaine sont enregistrées sur tous les continents. Riches ou pauvres, célébrités ou anonymes, le COVID-19 ne fait pas de discrimination.
Les scientifiques du monde-entier et les États doivent travailler main dans la main. C’est ainsi que nous pourrons véritablement venir à bout de ce nouveau virus.
Tu as raison mon co’o, il faut vraiment qu’ils s’unissent.
Je veux voir mes enfants grandir!!